Yasujiro Ozu

Publié le par Otaku San

                                 Yasujiro Ozu

ozu.jpg

Biographie :
Ozu Yasujiro a deux frères, et a été elevé à la campagne par sa mère. Ils sont gatés et jouent les garnements (ce que Ozu mettra en scène dans certains de ses films "Bonjour", "Gosses de Tokyo"....) Très jeune, il se découvre une passion pour le cinéma.
En 1922 grâce à son oncle, il entre dans la prestigieuse société Shoshiku en tant qu'assistant caméraman. L'année suivante, il monte en grade, et devient assistant réalisateur.
C'est en 1927 qu'il réalise son premier film : "Le Sabre de pénitence".
Dans les années 30, il connait un vif succès au Japon, notamment pour son habilité à un genre qu'on appelle le Shomin-Geki, à savoir, la représentation de la vie de tous les jours, il s'attache surtout à représenter des familles nipponnes spectatrices des changements sociaux que connait le pays à cette date.
Ce n'est qu'en 1936 qu'Ozu réalise son premier film parlant avec "Un fils unique".
L'année suivante, en 1937, il est mobilisé pendant 20 mois en Chine.
En 1943, on lui confie la mission de réaliser un film de propagande à Singapour, il en tourne quelques scènes, mais ne le finit pas, et décide d'attendre la capitulation qu'il voit se pointer inoxerablement. Capturé, il rentre au Japon en 1946.
Printemps tardif (1949), est le premier film dont le style manifeste nettement les caractères qui seront ceux de ses films jusqu'à sa mort.
La censure levée, il peut alors s'exprimer comme il l'entend, c'est comme ça qu'il réalise "Le Goût du riz au thé vert" en 1952, et en 1953, "Voyage à Tokyo" que beaucoup considère comme son chef d'oeuvre.
Ozu ne s'est pas marié, à la mort de son père en 1936 il vit avec sa mère.
Peu de temps après elle, il meurt d'un cancert, le jour même de son 60eme anniversaire. Yasujirô Ozu a quitté le 7ème art avant d'être reconnu sur le plan international. On ne lui connaît ni de vie privée, ni d'héritier légitime, à part son travail, il ne semblait prêter attention qu'à la peinture, la musique, la boisson, la littérature...- son style est demeuré unique -, Ozu reste un mystère bien gardé
Son oeuvre compte 54 films, et commence alors tout juste à être diffusée en Europe.
Les cendres d'Ozu reposent dans le Temple Engaku-ji à Kita-Kamakura.
Sur sa tombe est inscrit le seul caractère 無 "mu" qui signifie "rien constant" ça vient d'un terme chinois philosophique inspiré du boudhisme. Il ne faut pas comprendre que ce terme est négatif au contraire, c'est plus dans l'esprit de faire un avec la nature, l'univers. 

t9glmntt.jpg


Le réalisateur :
Cinéaste prolixe ayant abordé tous les films de genre (film noir, comédies de moeurs, gangsters), Ozu a influencé les plus grands cinéastes, de Wim Wenders à Aki Kaurismäki en passant par Paul Schrader ou Hou Hsiao Hsien.
Les films d’Ozu sont très épurés, Ozu semblant prévilégier le plan moyen fixe à tout autre chose, avec cette particularité que la caméra est généralement placée très bas, ce qu'on appelle parfois le « plan tatami ». Rares sont les gros plans et les mouvements de caméra sont très subtils. Ses plans de coupe donnent à la mise en scène un sens incomparable de l’espace et de la présence humaine.
La trame des récits est toujours très simple et comporte peu d’actions spectaculaires, même aucune. Ozu, en effet, semble s’être très peu intéressé à la dramatisation et avoir cherché, par l’extrême sobriété et densité de la forme cinématographique, à atteindre l’essence même de ce qu’il filmait. En cela, il est d’ailleurs fidèle à une longue tradition artistique japonaise.
Pour Yasujirô Ozu, une fois qu'un cinéaste a trouvé sa signature, il ne doit pas en changer. Il se comparait souvent à un cuisinier qui réaliserait chaque jour le même plat pour atteindre la perfection. "Je dis toujours que je suis un restaurateur de tofu, qui ne fait que du tofu. Une même personne ne peut pas créer des films si différents les uns des autres. D'ailleurs, on ne mange pas correctement dans un grand restaurant où l'on trouve de tout. Même s'ils apparaissent identiques aux yeux de tous, mes films expriment tous des choses différentes et j'y trouve un intérêt toujours renouvelé. Exactement comme un peintre qui s'évertue à toujours dessiner la même rose." (extrait de Ozu ou l'anti-cinéma de Kiju Yoshida, Actes Sud).
Ozu a beaucoup de mal à accepter les nouvelles techniques. C'est pourquoi il n'adopte le parlant qu'en 1936 comme dit précedemment, et il a longtemps résisté à l'utilisation de la couleur, réussissant sur ce point à tenir tête aux pressions de la Shochiku jusqu'à la fin des années 1950, période à laquelle il finit par céder pour le tournage de Fleurs d'équinoxe.
Mais finalement ce nouveau format lui a tellement plu que ses 5 derniers films seront aussi en couleurs.

"Les films d'Ozu parlent du long déclin de la famille japonaise, et par-là même, du déclin d'une identité nationale. Ils le font, sans dénoncer ni mépriser le progrès et l'apparition de la culture occidentale ou américaine, mais plutôt en déplorant avec une nostalgie distanciée la perte qui a eu lieu simultanément. Aussi japonais soient-ils, ces films peuvent prétendre à une compréhension universelle. Vous pouvez y reconnaître toutes les familles de tous les pays du monde ainsi que vos propres parents, vos frères et soeurs et vous-même. Pour moi le cinéma ne fut jamais auparavant et plus jamais depuis si proche de sa propre essence, de sa beauté ultime et de sa détermination même: de donner une image utile et vraie du 20ème siècle." (Wim Wenders, extraits de Tokyo-Ga, documentaire sur le cinéaste nippon).


Filmographie :
1927 : Le Sabre de pénitence (懺悔の刃, Zange no yaiba)
1928 : Un Couple déménage (引越し夫婦, Hikkoshi fufu)
1928 : Femme perdue (女房紛失, Nyobo funshitsu)
1928 : Un Corps magnifique (肉体美, Nikutai bi)
1928 : La Citrouille (カボチャ, Kabocha)
1928 : Rêves de jeunesse (若人の夢, Wakodo no Yume)
1929 : La Montagne au trésor (宝の山, Takara no Yama)
1929 : Amis de combat (和製喧嘩友達, Wasei kenka tomodachi)
1929 : J'ai été diplomé, mais... (大学は出たけ& #12428;ど, Daigaku wa deta keredo)
1929 : La Vie d'une employé de bureau (会社員生活, Kaishain Seikatsu)
1929 : Le Galopin (film, 1929) (突貫小僧, Tokkan Kozo)
1929 : Jours de jeunesse (学生ロマンス& #12288;若き日, Gakusei romance wakaki hi)
1930 : Va d'un pas léger (朗かに歩め, Hogaraka ni ayume)
1930 : L'Esprit vengeur d'Éros (エロ神の怨霊, Erogami no onryo)
1930 : Introduction au mariage (結婚学入門, Kekkon gaku nyumon)
1930 : J'ai été recalé, mais... (落第はしたけ& #12428;ど, Rakudai wa shita keredo)
1930 : L'Épouse de la nuit (その夜の妻, Sono yo no tsuma)
1930 : La Chance a touché mes jambes (足に触った幸& #36939;, Ashi ni sawatta koun)
1930 : Mademoiselle (お嬢さん, Ojosan)
1931 : Le Chœur de Tokyo (東京の合唱(コ ーラス), Tokyo no gassho))
1931 : La Dame et le barbu (淑女と髭, Shukujo to hige)
1931 : Les Malheurs de la beauté (美人と哀愁, Bijin to aishu)
1932 : Où sont les rêves de jeunesse ? (青春の夢いま& #12356;づこ, Seishun no yume ima izuko)
1932 : Gosses de Tokyo (大人の見る絵& #26412; 生れては&#1 2415;たけれど, Otona no miru ehon umarete wa mita keredo)
1932 : Jusqu'à notre prochaine rencontre (また逢ふ日ま& #12391;, Mata au hi made)
1932 : Le Printemps vient des femmes (春は御婦人か& #12425;, Haru wa gofujin kara)
1933 : Une Femme de Tokyo (東京の女, Tokyo no onna)
1933 : Femmes et voyous (非常線の女, Hijosen no onna)
1933 : Cœur capricieux (出来ごころ, Dekigokoro)
1934 : Histoire d'herbes flottantes (浮草物語, Ukikusa monogatari)
1934 : L'Amour d'une mère (母を恋はずや, Haha o kowazuya)
1935 : Une Auberge à Tokyo (東京の宿, Tokyo no yado)
1935 : Une jeune fille pure (箱入娘, Hakoiri Musume)
1935 : Kagamijishi (菊五郎の鏡獅& #23376;, Kikugoro no kagamijishi) Documentaire
1936 : Le Fils unique (一人息子, Hitori musuko)
1936 : Le Collège est une endroit agréable (大学よいとこ, Daigaku yoi toko)
1937 : Qu'est-ce que la dame a oublié ? (淑女は何を忘& #12428;たか, Shukujo wa nani o wasureta ka)
1941 : Les Frères et Sœur Toda (戸田家の兄妹, Todake no kyodai)
1942 : Il était un père (父ありき, Chichi ariki)
1947 : Récit d'un propriétaire (長屋紳士録, Nagaya Shinshiroku)
1948 : Une Poule dans le vent (風の中の牝鶏, Kaze no naka no mendori)
1949 : Printemps tardif (晩春, Banshun)
1950 : Les Sœurs Munakata (宗方姉妹, Munakata-kyoudai)
1951 : Été précoce (麦秋, Bakushu)
1952 : Le Goût du riz au thé vert (お茶漬の味, Ochazuke no aji)
1953 : Voyage à Tokyo (東京物語, Tokyo monogatari)
1956 : Printemps précoce (早春, Soshun)
1957 : Crépuscule à Tokyo (東京暮色, Tokyo boshoku) 
Ozu-voyageatokyo.jpg
1958 : Fleurs d'équinoxe (彼岸花, Higanbana)
Fleurs.jpg
1959 : Bonjour (お早う, Ohayo)
1959 : Herbes flottantes (浮草, Ukikusa)
1960 : Fin d'automne (秋日和, Akibiyori)
1961 : Dernier Caprice (小早川家の秋, Kohayagawake no aki) 
Ozu-Dernier-Caprice.jpg
1962 : Le Goût du saké (秋刀魚の味, Sanma no aji) 
goutdusake.jpg

Publié dans Cinema - Drama

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
Merci pour cette petite (?) fiche très complète. j'ai appris pas mal de chose grâce à toi ce soir.
Répondre
O
Haha content que ça t'ai plu =)Et encore, la fiche est petite là, car il y a tellement à dire sur ce grand cinéaste !